Eléments
de biographie
Un éminent lexicographe du XIXe siècle
Les écoliers de jadis et de naguère connaissent
le nom de Bescherelle, depuis longtemps répandu dans
les milieux scolaires par les Editions Hatier, qui ont fait
de lui comme le parrain de leurs livres de grammaire. Ce nom
est lié dans les mémoires à la syntaxe,
à l’art de conjuguer les verbes et autres sciences
austères rassemblées sous le nom de grammaire.
Mais sait-on que Louis-Nicolas Bescherelle fut l’un
des plus éminents lexicographes du XIXe siècle
? Sait-on également qu’il fut inhumé dans
le cimetière de Valmondois, où son tombeau est
encore visible ?
Louis-Nicolas Bescherelle naquit à Paris en 1802.
Il était donc contemporain de Victor Hugo et d’Emile
Littré, autre lexicographe. Après avoir été
élevé au collège Bourbon, il entra en
1825 aux archives du Conseil d’Etat puis il fut nommé
bibliothécaire au Louvre. Sa vie se confond avec ses
travaux : « Le participe passé ramené
à sa véritable origine » (1820), «
Revue grammaticale ou réfutation des principales erreurs
des grammairiens » (1829), « Grammaire nationale
» (1834-1838), « Dictionnaire usuel de tous les
verbes français » (1842-1843). C’est alors
qu’il entreprend ce qui sera la grande œuvre de
sa vie : « Le dictionnaire national ou dictionnaire
universel de la langue française », qui parut
de 1843 à 1846, bien avant celui d’Emile Littré
(1863-1869).
Ce dictionnaire monumental représente environ 3000
pages divisées en 4 colonnes qui, mises bout à
bout, dépasseraient 3 km. Ces données statistiques,
pour parlantes qu’elles soient, ne donnent pourtant
qu’une faible idée du travail de recherche et
de rédaction nécessaire à la confection
d’un tel ouvrage. Bescherelle présente en effet
les mots avec leur généalogie, leurs alliances,
leurs bizarreries orthographiques. On compte plus de 1 500
000 exemplaires choisis parmi les écrivains, les moralistes,
les philosophes, les savants, etc…
L’étude d’une langue aussi ancienne que
la française suffit à occuper une vie laborieuse.
Louis-Nicolas Bescherelle lui a consacré la sienne
: en 1875, il en était à la 15e édition.
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Georges Duhamel reconnaissait l’excellence de l’œuvre
de Bescherelle quand il écrivait dans sa Chronique
des saisons amères (1940-1943) : « j’aime
les dictionnaires… Parfois, je consulte le vieux Bescherelle,
qui est bon…».
Louis-Nicolas Bescherelle eut un fils, Louis-Edmond Lazare,
né à Marseille en 1857. Il se trouva que ce
fils vint s’installer à Valmondois, dont il devint
maire de 1908 à sa mort, survenue en 1922. Il y fit
ramener la dépouille mortelle de sont père,
qui y repose depuis.
On peut voir dans le cimetière du village un tombeau
de granit typique de ceux que les bourgeois du XIXe siècle
se faisaient construire. Il porte cette simple inscription
: « Bescherelle Louis-Nicolas, auteur du Dictionnaire
national (1802-1883) ». Un médaillon appuyé
sur une palme – œuvre d’Adolphe-Louis Geoffroy-Dechaume
– portant le profil de Louis-Nicolas Bescherelle, est
fixé sur la face antérieure du monument.
Marcel MERCIER
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